Migrations, emplois et discriminations : le cas des “paysans-ouvriers” de la province du Guangdong
La question de l'insertion sur le marché du travail urbain des migrants ruraux est aujourd'hui devenue essentielle en Chine. Dans un contexte de réformes économiques, les politiques migratoires en Chine continentale se sont redéfinies, intensifiant ainsi fortement les migrations internes. Depuis les années 1980, cet exode est pour l'essentiel celui des ming gong, c'est-à-dire littéralement des paysans-ouvriers, qui sont ainsi devenus un élément majeur de la transition de la Chine vers une économie de marché. Cet article étudie l'insertion de ces migrants ruraux sur le marché du travail de la province du Guangdong à partir d'une base de données originales issues d'une enquête sur les paysans-ouvriers, réalisée en 2006. A partir de modèles de durée, nous portons une attention particulière aux caractéristiques individuelles, temporelles (évolution de la mobilité dans l'emploi au cours du temps) et spatiales (rôle du lieu d'origine). Nos résultats montrent que les migrants forment un groupe hétérogène du point de vue de leurs caractéristiques individuelles et de leur employabilité dans le delta de la rivière des Perles. L'insertion sur le marché du travail des femmes, des jeunes et des peu qualifiés est facilitée. La proximité géographique du lieu de départ de la migration est également favorable. Nous examinons enfin les déterminants du salaire urbain des paysans-ouvriers qui s'insèrent sur un marché du travail de plus en plus segmenté et fragmenté.
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