Competitive Insurance Markets and Adverse Selection in the Lab
Ce travail offre une analyse expérimentale des marchés d'assurance avec anti-sélection. Nous nous intéressons particulièrement aux modèles canoniques d'Akerlof [1970] et de Rothschild et Stiglitz [1976]. Selon Alerlof (1970) l'anti-sélection peut aboutir à une éviction complète des agents les moins risqués. Selon Rothschild et Stiglitz (1976), les contrats de franchise permettent de dépasser cette limite en organisant la sélection des risques : à l'équilibre de marché, les contrats sont spécialisés en fonction des risques individuels. La présente contribution vise à tester ces prédictions théoriques à travers deux expériences de marché d'assurance. Afin de respecter au mieux les hypothèses de base des modèles d'Akerlof et de Rothschild et Stiglitz, nous recourons, dans l'expérimentation, à la technique des loteries binaires. Cette technique génère une neutralité au risque pour les assureurs et une même aversion au risque pour les assurés. Ces expériences sont, à notre connaissance, les premières visant à tester les prédictions des modèles d'assurance avec anti-sélection avec un contrôle des préférences des participants. Les résultats démontrent une éviction partielle des bas risques dans le contexte d'Akerlof (expérience 1). Une éviction qui ne disparaît pas après l'introduction des contrats de franchise (expérience 2). Enfin, à l'opposé de l'équilibre séparateur préconisé par Rothschild et Stiglitz, c'est l'équilibre de pooling qui apparaît (expérience 2). Nous interprétons ces résultats en observant que, dans certaines périodes, certains hauts risques n'achètent pas une assurance complète à un prix inférieur au prix équitable et que certains bas risques achètent une assurance à un prix supérieur à leur volonté induite à payer. Ces résultats robustes sont incompatibles avec la maximisation de l'utilité attendue. La distorsion observée des probabilités conduit à une homogénéisation partielle des risques perçus.
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