Gains en compétence et coûts financiers du rehaussement des différentes formations infirmières au Québec
Le Québec est la seule province où il est possible d’exercer sa profession d’infirmière technicienne sans devoir détenir un baccalauréat. Pour exercer leur profession, les infirmières auxiliaires doivent détenir un diplôme d’études professionnelles (DEP) alors que les infirmières techniciennes doivent détenir un diplôme d’études collégial (DEC). Un diplôme universitaire de premier cycle est toutefois exigé pour exercer la profession d’infirmière clinicienne tandis que les infirmières praticiennes spécialisées doivent détenir une maîtrise en sciences infirmières en complément d’un diplôme d’études supérieures spécialisées.
À partir de 1996, toutes les provinces du Canada à l’exception du Québec ont rehaussé les critères d’entrée requis au droit de pratique de la profession infirmière en rendant le baccalauréat de premier cycle universitaire obligatoire, emboîtant le pas à plusieurs autres pays. Quels seraient les impacts économiques d’un pareil rehaussement des exigences au Québec ? Ce rapport propose des réponses à cette question sous trois volets.
D’abord, les résultats suggèrent que le rendement privé et social de l’éducation d’une infirmière clinicienne comparativement à une infirmière technicienne est de 18 % et 11 % respectivement. Ainsi, le rehaussement des exigences en matière de formation des infirmières vers l’exigence d’un diplôme de baccalauréat aurait des retombées positives tant au niveau privé, donc individuel, que sociétal. Du point de vue des coûts du système de santé, le rehaussement de la formation requise pour exercer la profession infirmière entrainerait une hausse des coûts d’au plus 263 M$ annuellement pour l’ensemble du système de santé au Québec. Cette hausse des coûts découle principalement du fait que l’échelle de salaire d’une infirmière clinicienne est supérieure à celle d’une infirmière technicienne. Enfin, les auteurs estiment que pour répondre aux besoins de la population québécoise d’ici 2041, il faudrait augmenter l’effectif infirmier d’environ 33 %. Des efforts supplémentaires devraient donc être déployés si on compare ce taux de croissance à celui des 10 dernières années.