Malgré des initiatives pour promouvoir l’égalité des chances, la reproduction des inégalités de génération en génération s’est aggravée au Québec dans les dernières décennies. Les jeunes ayant grandi dans un milieu moins favorisé sont plus susceptibles de rester au bas de l’échelle une fois adulte.
Lors de ce séminaire, les auteurs Marie Connolly, Xavier St-Denis et Yacine Boujija ont présenté les analyses et résultats d’une récente étude CIRANO qui examine la question de la mobilité sociale sous l’angle de la mobilité géographique. Ils suivent le parcours de 1,4 million de jeunes et montrent que le phénomène d’immobilité sociale affecte davantage les jeunes qui ont grandi hors des grandes villes, et particulièrement ceux qui y vivent encore à l’aube de la trentaine.
Cette étude est la première à examiner l’influence de la mobilité géographique sur la transmission intergénérationnelle du revenu au Québec. Elle s’appuie sur la Base de données sur la mobilité intergénérationnelle du revenu (BDMIR) de Statistique Canada dont la structure longitudinale permet de suivre les enfants jusqu’à un stade avancé de leur vie adulte. Les données proviennent des fichiers de données fiscales et donnent accès aux informations sur les revenus des parents et des enfants de 1978 à 2016. Les analyses montrent que la détérioration de la mobilité sociale au Québec résulte principalement de deux phénomènes : d’une part, de la détérioration du statut socioéconomique des jeunes résidant hors des grands centres urbains à 16 ans et ayant grandi dans une famille au bas de la distribution des revenus, et d’autre part, de l’amélioration de la situation des jeunes des mêmes régions ayant grandi dans des familles au sommet de la distribution des revenus.