Mohamed Ayadi, professeur à l'Institut Supérieur de Gestion (ISG), Université de Tunis et Directeur du SEPAL (Laboratoire d'analyse des politiques économiques et sociales) a présenté le papier «Hétérogénéité des raisons d’abandons scolaire : L’impact des anticipations, des opportunités et des capacités cognitives des élèves en Tunisie», coécrit avec Claude Montmarquette le 19 mai 2022 au CIRANO ou sur Zoom. Cet événement, co-organisé avec l’Observatoire de la Francophonie économique, était un hommage à Claude Montmarquette, professeur émérite de l'Université de Montréal, un des fondateurs et également chercheur et Fellow du CIRANO.
En s’inspirant de Claude Montmarquette, Voennot-Brio et Dagenais (2007), les chercheurs considèrent un modèle d’abandon scolaire où des élèves différent sous le double rapport des motivations et des anticipations des retombés du prolongement du cursus scolaire et de l’obtention d’un diplôme de fin d’études.
Ils analysent une situation de choix multinomial où ils identifient quatre types de décisions d’abandon versus la continuation des études. Les chercheurs utilisent les données de l’enquête SWTS (2013) qui procure des informations sur la transition de l’école vers la vie active en Tunisie.
Ils montrent que le principal déterminant de l’échec scolaire est l’appartenance à une région pauvre, le risque s’accentuant si l’élève montre une absence d’intérêt pour les études ou pâtit de la faible éducation de la mère et de son inactivité. Si ces trois conditions sont réunies, la probabilité de quitter l’école pour se marier à un âge précoce et l’acceptation d’un emploi en dessous de ses ambitions s’accroît, les élèves estimant alors que l’accès à l’école n’est plus un facteur évident d’ascension sociale. L’incohérence entre les objectifs du système scolaire et celles du marché de l’emploi accentue le pessimisme des élèves et les incitent à abandonner les bancs de l’école sans diplôme et sans qualification.